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Le journal de l'art espagnol de Siècle d'Or (XVII°)
31 janvier 2010

Restauration de l'Immaculée Conception des Vénérables de Murillo

despuesParmi les œuvres récemment passées par les ateliers de restauration du Prado, on retrouve la magnifique Immaculée Conception des Vénérables (ill.), peinte par Murillo aux environs de 1678. Nous savons qu'à cette date le peintre sévillan reçut la commande d'une Immaculée Conception par Justino de Neve (1625-1685), chanoine de la Cathédrale de Séville et directeur ecclésiastique de l'Hôpital des Vénérables Prêtres de cette même ville. Une fois achevée, la toile fut ainsi acquise par son commanditaire et orna, peu de temps après, l'autel de l'église dudit Hôpital. L'œuvre, devenue populaire dans la capitale Andalouse, fut très appréciée durant tout le XVIII° siècle jusqu'à ce qu'elle fût spoliée, en 1813, par le maréchal Soult lors de l'occupation de la ville par les troupes françaises. La toile subit un certain nombre de dégâts lors de son appartenance à la collection privée du maréchal et, lorsqu'elle fut acquise par le Louvre en 1852, elle se trouvait alors dans un piètre état de conservation. Il fallut attendre l'année 1941 pour voir la toile de Murillo retrouver sa patrie d'origine, puisqu'à cette date, l'œuvre passa définitivement dans les colletions du Prado. Après plusieurs tentatives de restaurations, l'Immaculée Conception entra finalement en 2007 dans le Département de Restauration du Musée National de Madrid, pour retrouver, enfin, sa splendeur d'origine.

D'un point de vue iconographique, l'Immaculée Conception des Vénérables s'inscrit dans la tradition post-tridentine de la représentation de la Vierge Marie. Le Concile de Trente venait de réaffirmer avec ferveur le dogme de l'Immaculée Conception de Marie, en en codifiant son iconographie. Durant le XVII° siècle, les représentations mariales se multiplièrent dans toute l'Europe et notamment en Espagne, où la question de la virginité de Marie animait de fervents débats religieux (principalement à Séville) qui se soldèrent par le triomphe de la thèse immaculiste. De fait, le Siècle d'Or vit naître les plus belles Immaculées Conceptions baroques, et celle de Murillo en est, sans conteste, l'une d'entre elles.

Marie porte la tunique blanche symbole de sa pureté préservée, tandis que le manteau bleu, qui renvoie à l'éternité, nous rappelle qu'en tant que premier des saints, elle est la reine du monde céleste. Comme ses compatriotes Ribera ou Zurbaran, pour ne citer qu'eux, Murillo a su renforcer les concepts religieux incarnés par la Vierge Marie en la représentant sous les traits d'une jeune femme dont la beauté idéalisée du visage concentre toute la tension contenue dans la toile, et vers lequel converge donc logiquement la majorité des regards des angelots. Toute la dynamique de l'œuvre s'élance vers le haut grâce à une composition en triangle dont le groupement de chérubin sous la Vierge constitue la base, tandis que le magnifique visage aux yeux levés en est le sommet. La jonction entre le monde céleste et le monde terrestre est ici admirablement mise en scène. Ultime tour de force enfin du maître sévillan : la lumière dorée qui baigne la scène et plonge les personnages dans une atmosphère divine, et qui permet par là même, en opposition à cette puissante luminosité, la mise en place d'un jeu de clair-obscur venu du coté droit bas du tableau, poussant définitivement Marie, exempte du péché originel, vers les cieux qui lui sont dévolus. Rappelons pour conclure que l'éclat des lumières de ce chef-d'œuvre de l'iconographie mariale du Siècle d'Or espagnol vient d'être restauré par le Musée National du Prado.

Sources et informations complémentaires : Restauración de la Inmaculada de Los Venerables, de Murillo, Museo del Prado; Enrique Valdivieso Gonzalez, "Inmaculada Concepcion de los Venerables o "de Soult", La [Murillo]", Enciclopedia Online, Museo del Prado

 

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  • L'art espagnol du Siècle d'Or demeure, dans les collections des musées français, mais aussi au sein de la recherche scientifique en histoire de l'art, encore dans l'ombre de ses voisins italiens, flamands et français.
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